de La Bôle … à La Baule
1779
Le petit village d’Escoublac, à l’est d’un vaste territoire de marécages et de dunes de sable, entre les communes du Pouliguen et de Pornichet, est enseveli pour la seconde fois.
1788
Le Parlement de Bretagne fait construire une digue, à l’emplacement de l’actuelle avenue du général de Lattre de Tassigny, pour prévenir la destruction des marais, puis, au début du XIXème siècle, l’Etat encourage la fixation de ce vaste ensemble inhospitalier en concédant des terrains en échange de la plantation de pins, à l’instar de ce qui s’est fait dans les Landes.
1815
Louis XVIII attribue à perpétuité l’importante concession des dunes d’Escoublac au Comte de Sesmaisons, l’ancien propriétaire dépossédé par la Révolution. Mais la plantation est un quasi échec et Donatien de Sesmaisons revend sa concession.
1825
Deux industriels, Louis-Hyacinthe Levesque, maire de Nantes et député, propriétaire de marais salants à Batz-sur-mer et Joseph Antoine Benoit, ingénieur à la saline de Château-Salins, décident de s’associer afin de construire une usine pour le lavage et le raffinage du sel. Ils rachètent une partie de la concession pour y implanter une raffinerie à l’est de l’étier du Pouliguen.
1830
Pour beaucoup d’Escoublacais, les terrains des concessions leur appartiennent depuis la Révolution et ils y font paître leurs 1500 moutons. Ils contestent l’attribution des concessions. Mais, après plusieurs contentieux, Messieurs Levesque et Benoit sont enfin propriétaires de 85 ha, à l’est de l’étier. En 1845, un armateur nantais, Yves Berthault, achète les 562 ha restants, crée la Société des Dunes d’Escoublac et entreprend leur plantation en pins et en chênes verts.Bientôt, en complément de l’usine à sel, Messieurs Levesque et Benoit installent à l’entrée de l’étier du Pouliguen une presse à sardines destinée à produire des conserves de poissons, industrie florissante jusqu’en 1850.
1861
Le contexte change, en grande partie sous l’influence du maire du Pouliguen : il fait construire un pont tournant pour remplacer le bac. Il se fait construire à côté de la raffinerie une magnifique maison Ar Zonj (1864), entourée d’un vaste parc. Enfin, les frères Benoit font procéder à la plantation en pins de leur concession de dunes.
1870
Le Pouliguen se développe très vite, trop vite pour certains, y compris sur la presqu’île de Penchateau, et la commune a besoin d’offrir du foncier pour les nouveaux projets de villas.
Jules Benoit pense alors à développer sa commune à l’est de l’étier, grâce aux dunes plantées qu’il possède en front de mer.
Il transforme sa presse à sardines en maison d’habitation.
Il encourage d’autres grosses villas à s’implanter en bordure de l’étier ou en front de mer : ainsi se construisent les villas «Océane», «Ker Say» en 1876 et «Ker Suzer» en 1879.
Nantais, Angevins et même Parisiens dont la venue est facilitée par le chemin de fer, optent de plus en plus pour les terrains de la concession Benoit.
1879
La nouvelle ligne de chemin de fer St Nazaire – Le Croisic est inaugurée. Elle dessert les stations balnéaires naissantes de Pornichet et du Pouliguen, ainsi que celle, déjà réputée, du Croisic. Mais le train ne s’arrête pas encore à la petite gare d’Escoublac, perdue dans les dunes, entre une maison forestière et une cabane de douaniers, au lieu dit « La Baule », les douaniers ne sachant sans doute pas écrire « La Bôle » !
de La Bôle … à La Baule
Ainsi, ce territoire humide et vaseux, mouvant et inhospitalier se transforme progressivement en un paysage accueillant, stabilisé par la forêt naissante, tourné vers le sud et protégé à l’ouest par la pointe de Penchateau et à l’est par celle de Chemoulin. La Bôle s’est donc muée en une belle station balnéaire et s’appelle désormais La Baule, en souvenir du lieu-dit sur lequel était établi le petit poste de douane.